Empty Space

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Qui furèterait dans mes playlists pourrait être étonné de voir le même titre répété en quasi boucle, d’autant que le titre en question a pour auteurs un groupe dont il est peu probable qu’il laisse une quelconque trace dans l’histoire de la musique (mais bon… s’il fallait n’écouter que ce qui est censé laisser une trace…). Il y a des groupes qui semblent voués à n’être connus que pour un seul titre, des titres qui semblent promis à un avenir dans lequel ils seront plus connus que ceux qui les ont produits. C’est peut être un phénomène de cet ordre qui a lieu avec cet « empty space » du groupe Air Traffic. On a beau écouter le reste de la production de ce groupe, on n’arrive pas à saisir comment au milieu d’une « oeuvre » qui fait quand même beaucoup penser à un bon gros potage ils ont réussi à pondre un truc pareil. J’entends déjà dire que la recette est usée : piano, voix, brisures dans tous les sens : rythmiques, vocales, structurelles; déchirures dans les paroles (mais n’est ce pas le cas de toutes les bonnes chansons pop’ ?), dans la mélodie, les arrangements. Mais le morceau s’insinue là où il faut, comme s’il savait que ce qu’il vise en nous a toujours plus ou moins porte entrouverte, il lui suffit de taper doucement à la porte pour qu’on le laisse entrer. C’est le genre de morceau auquel tout sera par avance pardonné : le trop plein de pathos, la complaisance, et même la référence un poil trop appuyée à Muse, qui semble ici comme chez beaucoup d’autres groupes avoir libéré les chanteurs des blocages qui les empêchaient de grimper dans les aigus. Ici on emprunte volontiers le téléphérique pour les cîmes, parce qu’on sent bien qu’on est dans ce genre de souffrance qui réclame qu’on monte en altitude pour respirer un air nouveau.

En fait, de plus en plus, je me demande si ces morceaux pop’ ne sont pas tout bonnement les plus fidèles héritiers de ce que nos ancêtres musiciens ont pu, jadis, appeler « passion ». Oui, carrément.

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Oh ! J’ai découvert ce titre en l’entendant utilisé comme générique final d’un des épisodes de Clara Sheller, ce qui pourrait bien aggraver mon cas, si jamais il semblait déjà un peu grave !

32 Comments

  1. J’ai également découvert des choses intéressantes dans la tracklist de Clara Sheller, comme Bat for Lashes par exemple (que j’avais pris pour Björk…). Cet Empty Space ne m’a pas laissé indifférent également et m’a furieusement fait penser à Lou Reed et son Perfect Day. Mon cerveau fait des rapprochements bizarres des fois, je sais…

  2. Clara Sheller… Trop trash le jkrsb ! Il reprendra bien un peu de guimauve sur ses loukoums ?

  3. Je ne sais pas pourquoi, mais je m’attendais vaguement à des sarcasmes de ce genre !

    Mais faudrait il à tout prix être trash ?

    Quant à Clara Sheller… bon, disons que c’est juste ce qui se fait de mieux en matière de série hexagonale, et que ça épuise tellement les troupes qu’une fois tournés 6 épisodes l’équipe est obligée de s’arrêter 4 ans pour recharger les neurones.

    Néanmoins, en terme de construction, c’est pas si mal mené que ça, pour peu qu’on ne veuille pas en faire un quelconque chef d’oeuvre (mais je ne suis pas convaincu qu’il faille se confronter quotidiennement à des chefs d’oeuvre. Ca me semble plutôt relever d’un genre de sketch de veillée, qui aborde tel ou tel truc que les spectateurs ont plus ou moins en commun, qui fédère. Il y a quelque chose de pop la dedans, pas encore tout à fait maitrisé, parce que justement ça devrait être plus cinglant, et qu’on sent un peu trop les contraintes liées aux tabous du marché et de l’audience.

    Bon, je vois assez bien ce que ces atermoiements sur la difficulté de la vie de couple peut avoir d’un peu consternant si on considère de toute façon tout couple comme une forme de bourgeoisie. Mais rien ne dit que la série ne va pas justement se clore sur une celebration de l’amour totalement libéré de cette forme officielle qu’est le couple. Qui sait ?!

  4. Moi je ne connais que le front unique ouvrier et les manoeuvres d’appareils, seraient-ce des appareils que j’ai très bien connus, me laissent au mieux indifférent, voire quelquefois hostile.

  5. Faut-il diaboliser la TV ?

    On peut y voir émerger des îlots où la doxa ne règne pas en maître, et se trouve même parfois, de loin en loin, prise à revers.
    Et elle est je crois, pour qui s’intéresse à « ce qui se passe » (pour reprendre une expression chère à l’auteur de ce blog), un bon avant-poste pour observer précisément cette doxa, puis la traquer et lui faire crier sa vérité si l’on veut.

    Qui dit téléspectateur ne dit pas individu passif, vide et apathique sur lequel viendrait s’imprimer des flux de données extérieures prodigués par des manipulateurs garants de la doxa.

    Mais bon, je veux bien croire que ce soit un instrument puissant de propagande, reste que toute propagande peut être surmontée et détruite, non ?

  6. On comprend mieux pourquoi le jkrsb se plaint régulièrement de ne pas avoir de temps à lui : il se passe Clara Sheller en boucle, n’interrompant le cycle que pour y glisser un épisode de Desperate house wifes (celui-là j’en ai vu un quart d’épisode chez quelqu’un qui tenait à me remettre dans l’air du temps, mais je n’ai pas pu en supporter davantage).

  7. Bon j’ai fini par écouter le morceau d’Air Traffic. Ben, euh, comment dire… les guitares, le son n’est pas tout-à-fait assez saturé, c’est vrai aussi qu’en même temps (tant qu’à écrire des conneries, autant se faire passer pour un post-ado débile) des guitares, il n’y en a pas trop.

    En fait, en y réfléchissant bien, je me dis que ce serait peut-être pas mal en générique de fin d’un truc de télé bien gnangan, genre, je sais pas, moi, euh, peut-être Carla Sheller, tu vois (prononcer tuouah)… Genre série où on montre que finalement les pédés sont des femmes comme les autres.

    Jean-Christophe t’es malade ou tu as décidé de retirer le « l » à la fin de ton nom ?

    Je t’aime bien quand même…

  8. Réflexion faite, n’hésite pas à supprimer l’avant dernière phrase du post précédent, si tu la trouves ennuyeuse.

  9. Hmmmm hmmmmmm… je sens qu’il y a de l’agacement là… 🙂
    Bon, une option consisterait à plaider coupable, et à faire profil bas après l’attention focalisée sur quelque chose dont on s’accordera à dire que ça n’est pas exactement majeur dans l’histoire de la culture humaine.

    Mais je ne crois pas que tout doive être majeur, ni même que ce qui est majeur soit destiné à être éprouvé quotidiennement. Je crois (je CROIS !!) que je sais encore faire la différence entre une expérience esthétique majeure et quelque chose qui est uniquement un objet pop. Mais, (peut être que je suis petite nature), je n’envisagerais pas de vivre chaque jour des expériences majeures, ni cinematographiquement, ni musicalement, ni meme philosophiquement.

    D’autre part, il y a une vraie question avec ce qu’on appelle, faute de meilleure expression, la culture pop. On aime bien la valoriser quand elle est passée (je connais plein de collegues capables de s’extasier sur des chansons à boire du 17eme siecle, mais qui sont incapables de reconnaitre un bon morceau à danser du 21eme (dans le meme ordre d’idées, je suis un peu perplexe de voir plein de monde bouche bée devant la finition d’une armoire du 18eme siècle et demeurer incapable d’apprécier le travail pourtant évidemment de haute maitrise effectué sur la moindre automobile contemporaine)). En gros, tout en sachant que ça n’est que d’un intérêt ponctuel, j’ai une certaine tendance à m’intéresser aux affects produits par ces éléments de notre vie contemporaine. Je suis conscient que certains relèvent d’une certaine manipulation, d’autres moins; dans tous les cas, je trouve ça intéressant à voir fonctionner, et tant qu’à faire, je me trouve plus pertinent à m’y intéresser maintenant, puisque c’est le monde dans lequel je suis plongé, que d’attendre d’être un historien du 23è siècle, qui étudiera de manière très universitaire la structure des séries du 21è, sans avoir aucun intérêt pour son propre temps.

    J’ajouterais, aussi, ça (histoire de donner une justification tellement longue qu’elle va commencer à avoir l’air bien suspecte ! :)) : il y a quelque chose de sain, aussi, dans les objets populaires. Et Clara Sheller me semble relever de ça. Dans une espèce de naïveté qui peut sembler affectée, peuvent s’exprimer une morale simple qui est, peut être proche d’une morale profonde, sans le savoir. Je me demande, plus simplement, si n’existe pas une certaine possibilité d’une spontanéité morale, qui s’exprimerait dans le quotidien des gens simples, du peuple dans ce qu’il a de plus commun. On trouve un peu cette idée dans le dernier petit livre de Bruce Bégout « la décence ordinaire ». Aussi tordu que ça puisse paraitre, Clara Sheller, pour moi, c’est tout à fait ça : dans un format pop, une série met les points sur les i à tous ceux qui auraient râté quelques épisodes sur l’évolution de leur propre temps. Ca me semble pas tout à fait aberrant que des parents de trentenaires se retrouvent sans l’avoir tout à fait voulu, devant une histoire ou, oui, il y a un pédé qui a pas l’air vraiment traumatisé par son propre état, des gens qui se demandent comme des millions d’autres si ils vont finir leur vie tout seuls ou pas (et peu importe que cette question soit plus ou moins commandée par une situation sociale qui a installé bourgeoisement cette idée qu’il ne faut pas finir seul, à la limite, c’est trop tard pour se poser la question : la réalité, c’est que pas mal de gens flippent, et que, certes, ceux qui sont au dessus de ce genre d’inquiétude de bas étage peuvent regarder ça de haut, et considérer que Clara entretient une inquiétude qui n’a pas lieu d’être; j’ai plutôt l’impression qu’elle donne à cette inquiétude une forme nouvelle (du moins pour ceux qui se trouvent devant leur poste à ce moment là), et valide une fois pour toutes que les voies par lesquelles le désir se vit sont multiples, qu’aucune route n’est tracée et que personne ne peut affirmer dogmatiquement qu’il y a une recette pour vivre correctement le désir. Ou je rêve, ou c’est quelque chose qui n’est pas totalement scandaleux, ou je rêve, ou c’est même plus ou moins un miracle de voir ce genre s’exprimer dans un format autant destiné aux « masses ».

    J’entends bien, évidemment, le regard que tu portes sur ce genre de choses, et je suis a priori sceptique. Mais pour autant, dans le cadre précis qui est celui de ce genre d’objets, je ne peux pas m’empêcher de m’intéresser à ce qui me semble constituer une certaine réussite.

    Et même si je me méfie des entrées en grande pompe dans le domaine de la reconnaissance populaire (qui a toujours un prix quand ce peuple est bourgeois), mais bon, ce n’est pas parce qu’un certain nombre d’homosexuels vivent ça sans que ça leur pose problème qu’on peut se permettre de considérer comme excessivement chochottes ceux pour qui c’est, et de loin, moins évident. Je suis assez volontiers partisan de l’idée qu’il faut protéger les forts contre les faibles, mais tout de même : il me semble bien qu’il y a dans ce pays pas mal d’homosexuels qui souffrent à cause de leur homosexualité, et que ça vient du regard que leur entourage porte sur eux, ou même du regard qu’ils croient que cet entourage porte. Si une série, aussi nunuche soit elle (et peut etre meme précisément PARCE QU’elle est nunuche), parvient à générer un minimum de sentiment commun, de pathos partagé, bref de sympathie, il me semble que ça va quand même plutôt dans le sens d’un mieux moral. Ok, ok, c’est pas comme ça que tous les français vont se lâcher et pratiquer partouzes et fist fucking, histoire de bien montrer à quel point ils échappent à l’embourgeoisement sexuel, mais on sait bien que ce sont là des choses qui sont réservées à une élite, qui théoriquement sait quoi penser de tout ça. Je me dis juste qu’une forme héroïque de désir peut tout à fait exister en parallèle d’une forme plus commune, qui donnera à certain une joie tout aussi intense.

    Enfin, bref, sans crier au génie, je ne suis pas sûr que Clara Sheller, ça soit si nul que ça. Et même les pires sarcasmes auront du mal à me détacher de ces formes parfois désuètes de culture populaire (et encore, j’ai pas encore abordé ce morceau à mes yeux fondamental de l’histoire de la musique qu’est la disco, et les liaisons (dangereuses pour mon matricule, je le sens bien venir !) que je tisse entre ce courant et Nietzsche (oui, oui).

    Je sens que j’ai pas fini de meriter de me prendre des baffes ! 😀

  10. Ce qui m’exaspère le plus dans Clara Sheller, c’est ce côté « beautiful people ». Comme si quand on est pédé, on travaillait forcément dans la pub ou dans l’édition. Comme si la situation du gay en milieu ouvrier ou en banlieue n’existait pas et ne posait pas davantage de problème, non seulement d’intégration mais tout simplement de reconnaissance. Et puis ces pédés sont si mignons, si propres sur eux (juste névrosés ce qu’il faut pour pouvoir mettre en route l’épisode suivant) que même comme objet de consommation ludique, ça me paraît too much : je ne demande pas du Pasolini à toutes les heures, mais ce format unique et forcé est insupportable.

    Ma pauvre expérience de la télé (quelques bribes arrachées au cours de mes séjours à l’hôtel, ou TV5 monde de façon un peu plus soutenue quand je suis à l’étranger) m’incite à penser que le traitement de l’homosexualité n’est pas différent du parti pris de la télé dans l’élaboration de ses programmes, tous bâtis sur le modèle du roman du XIXème siècle entièrement centré sur la bourgeoisie (aux quelques exceptions de Vallès et Zola).

    Simplement aujourd’hui, le bourgeois de Flaubert et de Balzac est un col blanc créatif. Et voilà, ça ne m’intéresse tout simplement pas.

  11. 1 – Lulu : Merci ! Je ne sais que souhaiter pour cette année : 2009, année politique ?…

    2 – Michel : je saisis tout à fait cette réserve. Autant dire d’ailleurs que la série ne brillait pas par sa cohérence économique, puisqu’elle se clot sur l’heroine viree de son boulot, qui se trouve un petit appart ensoleillé, avec une surface tout à fait impossible en region parisienne (à moins d’avoir des parents habitant une ville de la banlieue ouest, proches de la mairie, ce qui n’est pas trop dans l’esprit de la série).
    Toujours est il que les gays ouvriers ou agriculteurs, ou sdf ne sont pas fréquents à la tele. Pour autant, on ne donne pas une image idéale ni même valorisante de ces emplois du tertiaire surabondants dans ces séries, c’est meme un regard finalement assez « provincial » qui est proposé, avec davantage de clichés liés à ce regard que de clichés liés au pigistes parisiens. Et puis bon, le héros pd est comptable, c’est pas non plus le métier le plus glamour qu’on puisse imaginer (et tout compte fait, c’est peut être même l’équivalent contemporain de l’ouvrier bossant à la chaine, la conscience ouvrière en moins, bref, le type qui a tout perdu (mais qui est quand même meublé Ikéa des pieds à la tête)).

  12. Une année politique ? Je ne comprends pas… où il est temps de faire certaines choses veux-tu dire ?

  13. Pour le bien-commun (puisque la politique, c’est bien censé être ça, non ?)

  14. Que se passe-t-il ? Moi j’attends impatiemment l’article qui fera le lien entre la disco et Nietzsche 🙂

  15. Euh, moi, un peu moins impatiemment… Mais bon tant que le jkrsb touche pas à Kant, je le laisse faire mumuse avec Nietzsche et Cerrone. A mon avis pour l’instant, il cuve son foie gras.

  16. Lulu, tu as écouté les paroles de cette daube (j’avoue que c’est la première fois pour moi ce matin) ? Tu n’as pas compris que c’est un message que le jkrsb t’envoie tout en se l’adressant à lui-même. Ecoute un peu :

    « (…) You’ve done enough
    He’s still alive
    He’s breathing on his own (…) »

    Respire, Lulu ! Tout seul ! Et oublie le papa spirituel !

  17. Je vois que tout le monde semble en pleine forme en ce début d’année !
    Il est vrai que j’ai fait comme une pause dans la rédaction de ce blog ci, mais c’est pour écrire d’autres choses, davantage pour le boulot, j’ai deux trois choses en cours pour ces lieux, que je vais promptement alimenter !

    Il semblerait que Michel soit soucieux des excès de paternalisme dont je pourrais faire preuve en 2009; que Lulu se sente paternellement protégé par tant de petits soins, je n’en doute pas, et je suis même persuadé que ça ne sera pas pour déplaire à l’un, comme à l’autre.

    Aussi, pour 2009, je ne peux que souhaiter un rapprochement entre vous, ce qui ne pourra que rassurer l’un sur la liberté de mouvement de l’autre, n’est ce pas ? 😀

    2009, année érotique ?

    ou bien

    2009, année politique ?

    Je ne sais encore… …

  18. Je tiens d’abord à dire, youri, que tu as raison de penser que ces « soins » ne me pèsent pas (et d’ailleurs, c’est moi qui les demande !), au contraire, mais je suis content d’apprendre qu’au moins il ne te dérange pas d’avoir à m’en prodiguer de temps en temps (ce que je craignais) ! 🙂

    Merci Michel de tenir (aussi ostensiblement) à ce que j’apprenne à « respirer par moi-même », on dirait à te lire qu’il t’es difficile de me voir aussi déférent, ou respectueux, face « au jkrsb », mais je t’assure que comme professeur (et comme homme), ou en tout cas chez moi, il a laissé une marque tellement indélébile que je peine encore aujourd’hui à ne pas « l’icônifier » 🙂

    Quant à ce qui est du rapprochement, à quelle « liberté de mouvement » fais tu allusion youri (car il me semble avoir compris être bien plus jeune que Michel (désolé Michel…….))? 😀

  19. Hmmmm…

    Il me semblait qu’on ne pouvait rapprocher que ce qui etait eloigne, et que la difference d’age ne peut des lors empecher quoi que ce soit ! Quant aux soins dont je parlais, je pensais plutôt à ceux que prodigue Michel, sous la forme d’appels réitérés à fuir l’influence des adorateurs de la marchandise clara sheller 🙂

    En tous cas, relire Hegel, ça ne fait jamais de mal (mais je n’ai pas cerné pourquoi Hegel plutot qu’un autre, ici (enfin, si ce n’est que ça protège, décidément, Kant !)).

  20. M’enfin, jkrsb, Hegel : l’esclave, le maître… C’est qui le prof de philo ici ?

  21. Et je remarque que Lulu, lui, avait compris : « je vais donc m’affairer à me libérer ».

  22. Oui, mais je me suis planté magistralement avec ma mauvaise interprétation des « soins » auxquels pensait youri…

    Pour la marchandise Clara Sheller, je vois si peu la télé que j’en ai appris l’existence ici même !

  23. (et ce n’est pas pour autant que j’en suis devenu un consommateur insatiable: en fait, ça ne m’a pas fait allumer la télévision pour en voir un épisode, mais maintenant que j’y pense, peut être devrais-je m’y pencher 🙂

  24. Héhé

    Ca me rassure : j’envisage tellement peu la relation prof/eleve comme une relation maitre/esclave qu’utiliser Hegel dans ce contexte et à ce propos ne m’est même pas venu à l’esprit ! A mon sens, prof et eleves sont dans cette situation protégée qu’on aurait appelé, dans l’antiquité, le loisir : échappant aux masses laborieuses, se tenant à ce niveau d’élévation qui permet de ne pas se soucier de l’application des connaissances, bref, libres l’un comme l’autre. C’est tout le géni politique qui a réussi à convaincre la masses des élèves que l’école n’était qu’un lieu de travail comme un autre. On les a d’ailleurs tellement bien convaincus que beaucoup s’y croient, et jouent le jeu du travail d’entreprise, envisageant leur progression comme on établirait un plan industriel, évaluant leurs profs comme s’ils étaient les actionnaires de leur propre petite entreprise, ne travaillant le plus souvent qu’à la mesure du retour sur investissements qu’ils imaginent en retirer.
    A mon sens, la relation prof/eleve est d’un tout autre ordre. On est juste en etat de penser sans pression, et on est en position de pouvoir le faire ensemble. Evidemment, il y a plein d’eleves qui ne sentent pas les choses comme ça, et veulent penser contre, jouer le jeu du petit dogmatisme personnel, de la citadelle intérieure de la pensée qui ne sera prise par aucune force extérieure (et après tout, ils ont bien été précédé de générations qui jouent bien ce jeu là, persuadées qu’elles sont d’avoir eu raison, et se croyant autorisées à regarder leurs successeurs de manière un peu condescendante, en remarquant combien ils font un mauvais usage de leur liberté, et combien ils n’atteignent pas l’altitude de leurs successeurs). Ceux là n’ont pas besoin de profs pour être esclaves, puisqu’ils sont persuadés d’être nés libres et égaux à eux-même. Restent quelques individus qui, miraculeusement ont échappé à ce dogme de l’individu autosuffisant qui n’a besoin de personne, et surtout pas de profs. Avec ces élèves là, qui ne me semblent pas soumis, mais sont tout simplement ouverts, quelque chose peut se passer.
    Et même si c’est rare, quelque chose se passe effectivement de temps en temps. Si ces moment n’étaient que des instants pendant lesquels le prof aurait (enfin !) un quelconque contrôle sur qui que ce soit, ce serait un motif suffisant pour perdre totalement espoir en l’avenir, ou du moins pour changer de boulot (et il n’est pas exclu que les réformes qu’on nous promet produise exactement ce résultat, qu’on n’ait plus que ça à espérer, du contrôle). Jusque là, j’en fais plutôt une source constante (bien qu’à débit très modéré) d’espoir.

    Bref, Hegel, très bien, mais pas dans ce cas de figure, à mon sens. Peut être même qu’à force, l’abus de cette référence à cette bonne vieille dialectique a fini par convaincre tout le monde que toute relation pouvait se lire et se comprendre sur ce modèle là, ce dont je ne suis pas vraiment convaincu : c’est tout de même une conception de la relation à autrui qui condamne celle ci à se bâtir sous le signe du conflit; c’est souvent conforme à la réalité, mais cela ne comprend pas les exceptions. Or celles ci pourraient, peut être, prétendre à constituer de véritables rencontres, et pas de simples relations.

    Et pour rassurer, ces rencontres me semblent relever d’une assez grande distance : on n’est pas dans la fusion, mais bien dans un dialogue tel que pourraient le mener des gardiens de phare, chacun à leur sommet, quand la brume le permet, quand il n’y a pas d’urgences à gérer par ailleurs, bref, quelque chose de rare, et de distant. Ca me semble moins relever de l’esclavage que du respect, finalement !

  25. J’ai tout de suite vu l’allusion à Hegel, il est vrai, mais il ne me semble pas non plus (de même que je ne crois pas qu’il le semble en fait à Michel) qu’on ait été, à aucun moment, dans ce cas de figure, ce qui est plutôt rassurant 🙂

    PS: je retourne à ma lecture (et découverte captivante) de Bruce Bégout (Zéropolis) ! 🙂

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