Appetite for destruction

In "CE QUI SE PASSE", CHOSES VUES, MIND STORM, PROPAGANDA
Scroll this

Inventaire à la pervers.

Hectolitres de lait déversés en pure perte hors de tout système de distribution, parce que sa valeur marchande est trop faible pour qu’il ait encore une quelconque valeur d’usage, bien qu’il soit, bien sûr, consommable.

Exploitations agricoles, élevages entiers ruinés par une politique de distribution des produits laitiers qui consiste à rémunérer le moins possible les producteurs, afin de satisfaire, non pas le client, mais la chaine de ceux qui bénéficient… des bénéfices d’un commerce forcément ultra rentable, à partir du moment où on s’est arrangé (oui, arrangé, en d’autres termes, le prix du lait n’est précisément pas celui du marché) pour que la matière première ne vaille presque rien, fixant le produit achevé à l’altitude la plus propice à générer de juteuses rentes. Mais on sait tout ça.

Un virus gripal dont on ne peut que constater qu’on n’attend, comme dans les starting blocks, que le signal du départ de l’épidémie pour se dire que ça y est, nous y voila, on va connaître notre propre peste, à notre tour. Frissons artificiels qui parcourent l’échine d’un pays dans lequel on se fait peur à bon compte. Bachelot fait de la concurence déloyale aux barraques aux phénomènes et aux châteaux de l’angoisse des fêtes foraines. On a produit le premier happening médical à échelle mondiale avec une grippe, on espère que ça fera oublier qu’on ne se soit jamais penchés sérieusement sur les maladies autrement plus problématiques, comme le Sida. Mieux vaut dépenser dans le marketing viral que rembourser les frais de santé de ceux qui sont véritablement, et sérieusement, malades. Mais il faut reconnaître qu’en matière de puissance anxiogène, nous sommes assez forts. Il faut dire qu’on est tellement prêts, sensibilisés, pour tout ça… Mais ça aussi, on sait.

Prime à la casse. Traduction : Incitation à la destruction. Leitmotiv bien intégré de nos manies de consommateurs. Vaste opération de stock-cars dans les concessions de France, d’Europe, du monde entier. Après avoir fait monter en gamme le moindre moyen de déplacement individuel, y compris low-cost, y compris simple trotinette améliorée (Prix d’un Segway tel qu’on n’en voit que sur les trottoirs toujours à l’affut de la hype des beaux quartiers des métropoles branchouilles, ou dans District 9, ou dans Louise-Michel ? 7000 €), après avoir bardé le moindre des tableaux de bord d’un revêtement plastique qui fait de son mieux pour sembler n’en être pas, d’une sous couche de mousse telle qu’on peut planter ses doigts dedans jusqu’à la seconde phalange (à lire les essais des revues spécialisées et les forums s’intéressant à ce genre de choses, c’est un véritable critère de choix, faisant qu’Audi, ce sera toujours mieux que Renault. Si, si), après avoir sur-équipé tout ça avec maintes contre-mesures sécuritaires, à la hauteur des dangers provoqués par la puissance des motorisations, nécessairement en hausse pour parvenir à arracher de l’inertie le poids exponentiel d’engins toujours plus lourdement motorisés (merveilleux cercle vicieux qui permet de refourguer un équipement plus coûteux qui n’est plus performant que pour compenser l’alourdissement provoqué par le gain de puissance, l’important, c’est de refourguer au client davantage de marchandise; et une bagnole, ça se paie en bonne partie au poids, finalement, ainsi qu’au pouvoir balistique de sa masse lancée à la vitesse qu’elle est capable d’atteindre), après avoir convaincu tout le monde qu’une tire n’est pas juste un moyen de se faire la malle, mais constitue aussi un bien précieux, dont l’aura est censée rejaillir du conducteur sur les passants qui le voient circuler, laissant croire aux alentours que cette Golf de dernière génération est habitée par un être humain dont les moyens économiques, fièrement affichés dans ces jantes de 17′, bandent ardemment de toute la surface polie de la carrosserie comme un arsenal économique dont toi, pauvre usager d’une simple Skoda, n’es pas bardé; après avoir, donc, mis dans les têtes que la bagnole est un signe extérieur de richesse dans lequel il convenait d’investir pour ne pas faire partie de ceux là qui, à 50 ans, se rendent compte, sous le regard désapprobateur d’un Séguéla g20qui a l’air de s’y connaître, en vies massacrées, que leur vie est simplement ratée, et que jusque là, aucune extra-balle ne leur est promise, et maintenant que quasiment tout le monde a bien obéï au dictat du déplaçoir estampillé « premium », il est temps, crise aidant, d’inciter tout ce petit monde de tout balancer à la poubelle. Non pas qu’il faille se passer de bagnole. Non. Il faut juste en acheter de nouvelles. Des plus propres. Des plus modernes. Des plus respec-tueuses de l’environnement. Peu importe, en fait, que pour construire une Prius hybridement écologique, ou une Audi toute faite de dentelle d’aluminium, il faille dépenser en énergie et en matières premières plus que ce qu’aucune voiture d’occasion coûtera en roulant jusqu’à épuisement du moindre de ses pistons. Peu importe, en fait, qu’on balance dans les casses, à l’occasion de ce promotionnel « destruction derby », plus de matière que ce que les circuits de recyclage, totalement débordés, pourront jamais traiter. Il faut relancer la consommation tout en se donnant bonne conscience vis à vis d’une planète dont on voit bien qu’elle est simultanément toujours davantage exsangue et toujours plus crowded. Et tant pis si, en fait, on sait bien que le seul secteur automobile dont on sait qu’il se porte non seulement très bien, mais qu’il prospère, est celui des véhicules de très haut luxe (luxe, tu vois ? c’est déjà très éblouissant… Ben très haut luxe, c’est luxueux à en faire brûler les rétines des pauvres, et de la classe moyenne (qui, de toutes façon, aux yeux de ceux qui peuvent s’offrir ce genre de choses, est aussi repoussante qu’un pauvre). Beigbeder ne se trompe dans doute pas, quand il observe dans 99francs que les bagnoles de sport ressemblent étonnamment à des suppositoires). Tant pis si il faut extraire encore plus de matière première de la terre pour remplacer d’un coup tout le parc automobile des humains, afin de, parait il, protéger cette même planète dont on aura décidé, pour de bon, de la sauver en la brûlant, tous combustibles confondus. Et nous n’avons encore rien vu : l’avenir sera écologiquement peuplé de déplaçoirs électriques, donc… nucléaires. Notre festin de destruction n’est donc pas du tout achevé. L’avenir s’annonce épatant et on peut prévoir, pour 2020, des système de climatisation automobile avec fermeture automatique des écoutilles quand l’ordinateur de bord repère des taux de radioactivité trop élevés à l’abord de telle ou telle banlieue traversée par les autoroutes désormais silencieuses convoyant des conducteurs fiers de sauver la planète en roulant dans des engins ne produisant aucun rejet, alors que l’environnement tout entier dégueulera nos déchets radioactifs.

Eventration, décapitation, émasculation, empalement. On ne sait trop. on sait juste que l’outil utilisé, dans les rêves les plus fous, ce serait le croc de boucher. Quand un président en veut à un ancien ministre, il ne rigole pas. Sans doute que l’accoutumance au pouvoir donne des ailes aux fantasmes de violence, et là où le commun des mortels se venge en crevant un pneu avec un tournevis, la présidentielle vendetta se pratique donc au croc de boucher, et met à son service un système judiciaire tout entier. Notons que c’est une constante chez ceux qui sont amateurs d’apocalypses : la scientologie elle même parvient bien à faire plier les lois pour qu’elles soient écrites sur mesure pour son cas personnel, lui évitant les condamnations qu’elle mériterait si les lois étaient les mêmes pour tous (ce qu’elles sont, pourtant, censées être). Comme quoi, on peut attendre avec impatience le retour de Xenu, dans un déluge apocalyptique, se faire très bien à l’idée de fin du monde, et néanmoins intriguer pour ne pas voir disparaître la petite bande d’allumés fortunés à laquelle on appartient. On a les attachements qu’on peut. Toujours est-il que lorsque les porte paroles de l’UMP (les joyeux lurons du feuilleton Fredo et Dodo, (une raison quasiment suffisante à elle seule de posséder une télévision) font chauffer leurs gorges sur la ce désordre propre aux partis de gauche, dont ils ont l’air sincèrement navrés, on peut imaginer, en arrière plan, la belle harmonie de l’union pour un mouvement populaire animée par un président et un présidentiable déçu, mais encore vivace, l’un planté sur le croc de boucher de l’autre, dans les grimaces, agitations et danse de saint-Guy habituelles (comme quoi, on se fait à tout). On le sait, le bel organigramme du parti majoritaire ne tient, comme les châteaux de cartes, qu’au fait qu’une terreur sans commune mesure plâne sur les rangs des militants, qui ne soufflent mot, de peur de passer à la moulinette du mot d’ordre du parti « Kill’em all ». Belles troupes, dont on peut imaginer que les petits soldats, dans leurs mocassins à glands, leur pull noués autour du cou, ont, chacun dans son coin, fait dans leur froc dans une ferveur libérale commune.

Décision quasi prise de sacrifier le peuple iranien. De toute façon, son dirigeant n’a pas le peuple qu’il mérite : celui-ci ne reconnaît pas tous les avantages qu’il y a à être dirigé par un illuminé. Les français, eux, sont passés par dessus ce genre de mauvaise conscience. Amadinejad se trompe, lui, quand il affirme que les français n’ont pas les dirigeants qu’ils méritent : ils sont en fait malheureusement tristement en phase. Les français s’en arrangent, c’est tout. Les iraniens, eux, ont l’air un peu moins résignés. Peu importe : ils sont au bord de connaître plus précisément à quel point leurs dirigeants n’en ont, de toutes façons, absolument rien à foutre d’eux. Les mégatonnes (kilotonnes ? Jusqu’où ça monte, la puissance d’une tête nucléaire estampillée « Tsahal » ?) seront l’unité permettant de mesurer à quelle hauteur la république islamique d’Iran jauge les enfants du bon dieu. On se posera les questions d’usage : quand deux pays religieux se foutent sur la gueule à coup d’armements nucléaires, est ce qu’ils inscrivent des messages du genre « A la grâce de Dieu » sur le fuselage des missiles ? Leur donneront ils des petits noms aussi géniaux que « Gadget », « Little boy » et « Fat man » ? Le nom de leur programme de développement est il aussi édifiant que le « Trinity » yankee ? Comment appellera t-on les ibakushas locaux ? Les historiens peuvent déjà s’atteler à la tâche, et on conseille à tout le monde de se mettre quelques pizzas au congélo et de garder de la place sur les disques durs, parce qu’un jour ou l’autre, il va falloir enregistrer une semaine entière d’Al Jazeera lorsque les « évènements » vont nous scotcher pendant des nuits blanches et des jours sombres devant nos écrans décidément trop petits bien que, pourtant, déjà diagonalement plutôt grands, à nous passer en boucle champignons et victimes, de part et d’autre, avec nous et nos bonnes consciences en arbitres du désastre. Ca nous évitera de voir en nous de simples voyeurs. Parce que nous avons, nous aussi, cet appétit là. On a adoré le 11 septembre, et on est en manque.

Patience, comme toujours, dans nos stories, there’s more to come :

Googlez « Haarp ».

Et tremblez.

Au milieu des yeux des cyclones, ceux qui savent flairer les vents de la destruction se reconnaissent à leur calme et à leur apparente volonté de calmer le jeu. Ils ne font que préparer les exodes, parce qu’ils les savent possibles, voire nécessaires. Notre bien aimé président, donc pas le nôtre, mais celui qu’on aurait élu si on pouvait élire un président noir dans n’importe quel pays, pourvu que ce ne soit pas le nôtre, se pose, ainsi, au milieu d’un monde dans lequel les agents semblent animés de la même énergie débordante que les particules au coeur d’un réacteur à fission nucléaire au bord du seuil critique, comme l’incarnation sur la Terre chauffée à blanc, du calme olympien. Survolant les débats de ceux qui, ne semblant pas savoir ce que « mégatonne » veut dire (pourtant, on sait ce que veulent dire 13 kilotonnes, puisque c’est Hiroshima. Ensuite, il suffit de rajouter des zéros, par groupe trois, pour « savoir » ce que signifie « armement nucléaire » aujourd’hui), envisagent d’utiliser, pour de bon, ce type de munitions, rompant avec la sagesse qui consistait à s’auto-discipliner en vertu (« vertu »…) même de la possession de cette puissance là, Obama propose le désarmement atomique. Si on n’était pas d’un naturel méfiant, on croirait voir Néo se déplaçant avec l’aisance, la souplesse et l’adaptation permanente au milieu que permet une proprioception totale, au beau milieu du cataclysme ambiant. En Israël, on ne sait trop comment on prend ce genre d’initiative : le grand frère qui propose de désarmer au moment où le frère ennemi se dote des pires armes qui soient. Alors, soit Obama est effectivement un fuckin’ pacifist, soit il est plus malin qu’on ne le croit. Et même si on n’est pas très porté sur la religion, on est autorisé à entendre, ici, le mot « malin » en son sens le plus chargé en humeurs diaboliques. En géopolitique, comme ailleurs, on bluffe d’autant mieux qu’on a un bon jeu. On sait bien que la Corée, par exemple, joue le bluff de la nuisance hypothétique sans avoir exactement les moyens de ses ambitions. Mais quand une masse aussi importante que les USA proposent le désarmement, c’est qu’elle a dans son jeu un joker qui rend les cartes habituellement maîtresses dérisoires. Derrière le masque de l’humanisme raisonnable, il faut entendre dans la voix du président idéal l’annonce suivante : « les armes dont nous vous proposons de nous débarrasser sont désormais désuètes, obsolètes, inutiles. Abandonnons leur développement, car la seule puissance que vous pouvez véritablement craindre, c’est la nôtre, et nous sommes déjà au delà de la dissuasion nucléaire, car ces armements ne sont plus adaptés aux problématiques de notre temps. Prenez le comme vous voulez, effet de notre bonté, bienveillance des maîtres de ce monde ou bien calcul cynique des moyens à mettre en oeuvre au moment où la domination économique n’est plus une carte que nous pouvons jouer, mais faites vous à cette évidence: vous devrez bien vous plier à cet ordre nouveau, parce que pendant que vous financiez vos système de solidarité sociale, nous investissions dans des armements dont vous n’avez même pas idée. » Pas la peine d’être grand stratège pour deviner que nos tensions géopolitiques seront, de nouveau, un jour ou l’autre territoriales. La question de l’espace vital des nations sera, nécessairement, avec de nouveaux moyens, à l’ordre du jour. Parce qu’un jour ou l’autre, il faudra peut être nous aussi migrer. Parce que nous avons pris l’habitude de détruire les lieux que nous habitons, tout en les apprêtant comme des paradis sur Terre. Parce que nous pourrions avoir besoin de nous établir ailleurs, là où d’autres à qui nous avons, autrefois, refusé asile, vivent déjà, l’armement nucléaire, qui rend les espaces impropres à la vie, n’est plus pertinent. C’est au son de Haarp que se feront les guerres futures, sur des fréquences hors d’atteinte des oreilles humaines. Un souffle, puis plus rien. Mieux vaut, à l’avance, rejoindre les alliés pour mettres ces cordes à notre arc, parce que de toute évidence, si ceux qui jusque là furent les seuls à faire usage du feu atomique sont prêt à l’abandonner aux basses nations, c’est qu’ils ont dans leur carquois, des flèches autrement plus terribles.

Cinématographiquement habitués à contempler les effets pyrotechniquement désastreux de notre propre puissance destructrice, on est à deux doigts d’être plus rassurés par un Obama armé de la puissance des ouragans, de la suppression subite de l’oxygène dans l’atmosphère, de la manipulation des pensées. Au moins, voila qui nous garantit de ne pas mourir d’ennui. Stanislas Lem, cité par Sebald dans son De la Destruction comme élément de l’histoire naturelle, écrivait que « L’élimination comme procédé est le réflexe de défense de tout expert« . Voila qui sonne comme un programme intéressant pour les experts que constituent les citoyens appelés à décider de leur propre sort, et de la manière dont ils vont vivre, et avant cela, survivre. Entre la nécessité de recourir à des actes de destruction pour maintenir des avantages acquis qu’une trop grande masse d’homme veut atteindre à son tour, entre le fait même que la destruction est le logiciel de nos comportements de consommation quotidienne, et qu’elle est aussi le carburant de nos dirigeants, qui sont des tueurs, et qu’on a élus pour cette raison même, entre, enfin, la jouissance que nous pouvons éprouver devant la disparition de ce qui a été construit, devant le spectacle de notre ennui profond se consumant sur le bûcher de l’évènement qui nous sera présenté, de nouveau, comme séculairement important, quelle place reste t-il pour les bâtisseurs ? De toute évidence, au train où nous sommes lancés et dans le monde inversé dans lequel nous nous trouvons, ils sembleraient dérailler, et auraient tout l’air de terroristes.

2 Comments

Répondre à Youri Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *