Old-up

In "CE QUI SE PASSE", CHOSES VUES, Il voit le mal partout, MIND STORM, PROPAGANDA
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Parce qu’on regarde le mouvement du moment avec une certaine ironie.

Parce qu’on est bien content d’entendre en salle des profs des collègues à deux ans de l’âge actuel de la retraite souhaiter que les lycéens se mobilisent parce que, tout de même, c’est pour eux, hein, qu’on se bat (ben tiens).

Parce qu’on est bien content d’en entendre d’autres qui, propriétaires de leur logement, sont contre la retraite par capitalisation, mais espèrent quand même que le marché de l’immobilier ne s’écroulera pas, et même, connaîtra une croissance encore importantearce que leur retraite, elle est dans la pierre, parce qu’on aime entendre des agrégés d’histoire comparer la « lutte » actuelle à celle des mineurs face à Thatcher.

Parce qu’on apprécie au plus haut point de voir tout ce petit monde, qui votera sans doute PS aux prochaines élections, tenir des positions soudainement hostiles à la loi du marché, inconscient apparemment de la parfaite adhésion de leur futur candidat présidentiel à ce même marché (il est même probable que ce candidat soit l’un des animateurs les plus éminents de ce marché).

Parce que les mêmes qui espèrent que le PS gagne (et que, donc DSK soit leur candidat de « gauche ») n’ont qu’un mot à la bouche pour désigner Melenchon : « démago ».

Parce qu’ on aime l’idée que ces combattants d’opérette donnent des leçons à tout le monde du haut de leurs journées de salaire perdues tout en n’ayant pas encore compris que ceux pour qui ils votent les berneront à leur tour, ne serait ce que parce que les vrais décideurs, ce sont les agences de notation, auxquelles tout parti potentiellement éligible voue allégeance.

Parce que j’aime me faire traiter de consumériste par quelqu’un qui est propriétaire de son lieu d’habitation.

Pour toutes ces raisons, dont on préfère rire pour ne pas trop s’inquiéter, et pour ne pas voir dans son propre miroir un traître qui essaierait de se donner bonne conscience (mais je sais à quoi je suis prêt, et je mets mon embourgeoisement à sa juste place au milieu de groupuscules qui aiment se payer de mots, de ceux qui n’assument pas d’êtres des petits profs, plutôt mieux payés que la moyenne, plutôt les coudées franches par rapport à leurs patrons, plutôt la conscience tranquille, plutôt encore bénéficiaires de ce « loisir » dont nos ancêtres avaient fait un art de vivre, et n’en profitant pourtant que fort peu, intellectuellement, pour aller défricher des terres que leurs neurones n’ont pas déjà parcourues de long en large mille fois (oui, je suis un poil exaspéré ces jours ci)), je livre en pâture cet article sorti tout droit de l’enfer paru hier dans le Figaro, alors même que les manifestations se gonflaient de lycéens et lycéennes en fleur, porteurs de tous les espoirs naïfs qu’on peut avoir à cet âge là, très naïfs même parfois quand ils prenaient la figure de cette adolescente entrevue hier sur itélé, qui clamait à qui voulait l’entendre qu’elle se voyait mal bosser à 60 ans; sans doute emportée par son élan soudainement militant, elle paraissait défiler pour le droit de partir en retraite à 55 ans, et on se disait en la voyant qu’elle serait sans doute exaucée malgré elle : de travail, à 60 ans, elle n’aura probablement pas, pas plus qu’elle n’en aura à 28. Elle n’aura finalement pas toutes les anuitées nécessaires à valider une retraite complète, elle ne coûtera finalement pas tant que ça aux caisses de retraite, et les quelques emplois qu’elle aura occupés auront été payés une misère, car elle ne l’a pas compris, mais la véritable ambition de cette réforme, c’est de faire baisser salaires et pensions. Et bien sûr, c’est exactement ce contre tout le monde se lève quand il s’agit de toucher sa paie, mais c’est ce pour quoi tout le monde vote au moment de consommer, puisque des emplois mal payés, ça augmente mon pouvoir d’achat quand je peux m’offrir plein de fringues pas chères à H&M. Bref, on va regarder encore une semaine et demi les collègues s’énerver que ça ne bouge pas plus. Puis ils partiront comme tout le monde en vacances, en râlant contre la SNCF qui pourrait quand même les laisser rejoindre la famille en province, et tout rentrera dans l’ordre : le gouvernement n’aura pas cédé (tout le monde a compris qu’il ne pouvait pas céder, puisque l’objectif de cette réforme n’est pas d’assurer une quelconque pérennité au système actuel de retraites, mais de faire une réforme, peu importe laquelle, du moment qu’on puisse dire pendant l’année qui vient que oui oui, comme promis, on a réformé); les syndicats auront surfé sur la vague de mobilisation qu’ils n’ont ni suscitée, ni maîtrisée, ni même vraiment encouragée (on sent bien que ça ne faisait pas partie du scénario arrangé avec l’Etat); ceux qui aiment se voir en militants auront les mains propres. Au mieux, une concession pour les femmes à enfants et un arrangement avec les handicapés rendront la vie en Sarkozie supportable, et permettront de se dire qu’après tout, revoter pour le même, c’est une idée.

Un article du Figaro d’hier, donc, qui de manière tout à fait décomplexée, nous affirme sur l’air de « le travail, c’est la santé » que partir trop tôt en retraite, c’est prendre le risque de tomber prématurément malade. Ceux qui vivent de leurs placements prendront sans doute peur à cette simple idée, et on appréciera qu’une enquête approfondie ait été menée pour faire comprendre que travailler plus longtemps, c’était un gage de longévité. La fin de l’article signe d’ailleurs son méfait en regrettant qu’on n’ait pas mené l’investigation encore un peu plus loin, pour voir si ceux qui ne s’arrêtent jamais de travailler ne deviendraient pas, par hasard, tricentenaires.

Je copie/colle le texte, parce que je ne sais pas si Le Figaro assumera éternellement d’avoir publié un tel article.

« Partir plus tôt en retraite peut nuire à la santé

Une étude publiée récemment montre que les ouvriers profitant de mesures de retraite anticipée ont plus de chance de mourir avant 67 ans.

Partir plus tôt en retraite ne permet pas forcément aux ouvriers d’en profiter plus longtemps. Au contraire, un rapport publié par l’Institut allemand pour l’étude du travail, montre que cela augmente les chances de mourir prématurément.

Les auteurs , Andreas Kuhn, Jean-Philippe Wuellrich et Josef Zweimüller, tous trois issus de l’Université de Zurich, se sont servis d’un changement de politique de départ à la retraite en Autriche pour analyser les effets d’un départ anticipé sur la santé. A la fin des années 1980, la crise de l’acier a contraint le gouvernement autrichien à mettre en place un dispositif permettant aux ouvriers, dans certaines régions, de partir à la retraite à 55 ans au lieu de 58 pour les hommes, et à 50 ans au lieu de 55 pour les femmes.

En comparant la mortalité dans les régions concernées par cette réforme et celle qui ne l’étaient pas, les chercheurs ont conclu que pour les hommes, partir à la retraite un an plus tôt augmente de 13,4% les chances de mourir avant 67 ans. Un pourcentage qui, pour les auteurs de l’étude, est «non seulement statistiquement significatif, mais aussi quantitativement important». Pour les femmes, en revanche, un départ à la retraite anticipé n’a aucun effet sur l’âge du décès.

La fin de la routine

Les trois universitaires se sont penchés sur les causes possibles d’une telle hécatombe. Ils ont éliminé le problème d’accès au soin pour les retraités, puisque l’Autriche dispose d’une couverture maladie universelle à laquelle les retraités ont accès au même titre que les salariés. Ce n’est pas non plus un problème d’argent. Les pertes de revenus liées à une anticipation de la retraite ne sont pas significatives.

Finalement, en étudiant les causes de décès des ouvriers masculins, ils ont découverts que 65% d’entres eux mourraient de maladies cardio-vasculaires ou de cancers. Ils en déduisent que la fin de la routine du travail et de l’activité physique quotidienne entraîne une mort prématurée, d’autant plus si l’ouvrier a été forcé par son employeur à prendre sa retraite anticipée. A l’inactivité s’ajoute alors la dépression.

Les femmes «s’adaptent mieux à la retraite et qui, à cause de la répartition traditionnelle des rôles, sont plus actives car plus impliquées dans les tâches ménagères». Elles peuvent partir plus tôt à la retraite sans craindre de voir celle-ci écourtée par la maladie ou la mort.

On l’aura donc compris, une retraite précoce peut entraîner, pour les hommes ouvriers, une mort toute aussi précoce. Ce que l’étude ne dit pas, en revanche, c’est si travailler au-delà de l’âge légal permet de vivre plus longtemps.

Par Laurence Desjoyaux

Ci-jointe, l’adresse de la page sur laquelle cet article est publié, ce qui permet d’accéder aux commentaires, ce qui, sur le site du Figaro, est toujours un plaisir… http://www.lefigaro.fr/retraite/2010/10/12/05004-20101012ARTFIG00450-partir-plus-tot-en-retraite-peut-nuire-a-la-sante.php

Evidemment, Mme Desjoyaux ne se donne surtout pas la peine d’émettre des hypothèses sur les raisons d’une telle tendance à développer des maladies dans les cas de retraite anticipée. Evidemment, on verra un simple hasard dans le fait qu’un certain nombre de « jeunes » retraités ne tiennent même pas le coup jusqu’à 67 ans, âge où d’autres commenceront à peine leur retraite, et on regardera ce choix cornélien avec circonspection : Vivre plus longtemps, certes, mais en dépassant allègrement l’âge au delà duquel les chances de demeurer en bonne santé s’amoindrissent énormément. On se souhaite par avance bon courage ?

2 Comments

  1. Ma fréquentation assidue (et parfois malicieuse) d’un autre blog sérieux du taulier d’icelui m’avait averti de l’arrivée d’un article provocateur et j’avais fait des paris in petto sur son contenu. Pour la première partie, j’avais gagné (contre moi-même !), mais je n’avais pas prévu la seconde. Je ne répondrai évidemment pas aux multiples provocation de mon jkrsb préféré (il est vrai que ma connaissance des jkrsb est limitée à un spécimen).

    Ne fréquentant pas Le Figaro autant qu’il se devrait, je ne connaissais pas l’article cité, ni même l’étude référencée. Cependant, je ne saurais trop conseiller à cette Madame Desjoyaux de s’intéresser d’un peu près à la question des inégalités sociales de santé qui conduit par exemple à ce q’une partie non-négligeable de la retraite des cadres lecteurs du Figaro soit payée par les prolos (ouvrières et ouvriers notamment) dont l’espérance de vie (tout court et à la retraite précisément) fait qu’ils ne touchent généralement pas le salaire différé qu’ils ont théoriquemenr accumulé à travers leurs cotisations de retraite. Ce qui nous amène au paradoxe intéressant que la retraite par capitalisation serait au final moins intéressante pour les cadres que pour… les héritiers des ouvriers (à supposer qu’ils choisissent une sortie en capital et non pas en rente).

    Il est vrai que les cher-e-s collègues de notre ami jkrsb, MGEN notamment aidant, sont un peu dans le même cas que les cadres.

    Bon moi je m’en fous, je ne suis pas enseignant, je suis cadre, pas très consumériste et je ne vote pas DSK. Comme ça, je pourrai voter pour Mélenchon au second.

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