Elève Abiker ? Interro surprise !

In MIND STORM
Scroll this

lessousdous13rc.jpgJ’y faisais référence dans le post précédent, voici le texte qui a été donné à commenter aux élèves de terminale dans les séries techniques cette année :

« Lorsque, dans les matières qui se fondent sur l’expérience et le témoignage, nous bâtissons notre connaissance sur l’autorité d’autrui, nous ne nous rendons ainsi coupables d’aucun préjugé ; car dans ce genre de choses puisque nous ne pouvons faire nous-mêmes l’expérience de tout ni le comprendre par notre propre intelligence, il faut bien que l’autorité de la personne soit le fondement de nos jugements. Mais lorsque nous faisons de l’autorité d’autrui le fondement de notre assentiment à l’égard de connaissances rationnelles, alors nous admettons ces connaissances comme simple préjugé. Car c’est de façon anonyme que valent les vérités rationnelles. Il ne s’agit pas alors de demander : qui a dit cela ? mais bien qu’a-t-il dit ? Peu importe si une connaissance a une noble origine, le penchant à suivre l’autorité des grands hommes n’en est pas moins très répandu tant à cause de la faiblesse des lumières personnelles que par désir d’imiter ce qui nous est présenté comme grand. »
C’est donc un texte d’Emmanuel Kant, et on pourrait ajouter que la phrase qui suit ce texte, qui a été retranchée car elle aurait sans doute pu déconcentrer les candidats (?) disait la chose suivante : « A quoi s’ajoute que l’autorité personnelle sert, indirectement, à flatter notre vanité. »

Il se pourrait qu’une lecture attentive de ce texte soit utile à David Abiker. Mais il est possible, aussi, qu’elle soit utile à nous tous qui nous empressons de lui faire la leçon (même si, sur ce coup, on peut se mettre d’accord sur le fait qu’il n’est pas très fairplay, certes); car si Kant nous enseigne ici la prudence intellectuelle, (et ce de manière d’ailleurs discutable, car on peut se demander si on doit vraiment faire confiance quand il s’agit de connaissances factuelles (après tout, le mensonge existe dans ce monde !), et si on ne doit faire aucune confiance en matièré de raison (sous prétexte que je ne maîtrise pas « tout à fait » la mécanique quantique, je dois en refuser tous les apports ?)), ainsi que l’autonomie, il nous conseille aussi la modestie.

Or, si il y a bien un peu de vanité dans le fait de s’associer rhétoriquement avec quelques grands noms (un peu à la manière dont, gamins, on constituait les équipes de foot en s’attachant le plus vite possibles les meilleurs joueurs, histoire d’avoir une équipe fortiche (Christiant Vaneste fait ça, par exemple, quand s’agissant de soutenir devant l’assemblée nationale ses thèses homophobes, il convoque Kant (plutôt de convocation, il faudrait plutôt parler ici de détournement !) à des députés qui sont censés être tout ébahis devant une telle référence : il ne fait que se constituer une équipe fortiche, qui sera à même d’écraser du seul poids de la renomée de ses joueurs toute adversité), si donc il y a un peu de vanité chez ceux qui justifient leurs positions sur la base de l’argument d’autorité, il y a aussi pas mal de vanité à tomber sur le dos de l’idiot du village, en se moquant de sa naïveté, et ce d’autant plus que le postmodernisme pousse chacun d’entre nous à être ponctuellement l’idiot du village global. C’est facile de s’en moquer, mais ça implique de perdre la mémoire quant à nos propres égarements, et à en effacer les traces (ce qui devient de plus en plus délicat !).

On s’avisera donc, tous, de lire ce texte avec l’attention requise, et de méditer cette question qui était posée aux candidats :

Quand on cherche la vérité, faut il rejeter l’autorité d’autrui ? Une bonne question pour tracer des lignes de démarcation subtile entre autonomie et autarcie de la pensée, entre intelligence et autisme en somme.

6 Comments

  1. Dis donc, vous pouviez pas publier ça avant le Fake ? Ca m’aurait servi davantage qu’aujourd’hui…

    David

  2. Héhé, voila ce à quoi je ne m’étais pas attendu !

    Mais je crois que même après coup, c’est utile. La chouette de Minerve ne se lève qu’à la tombée de la nuit, on ne tire les enseignements qu’après coup, et comme vous le dites, il n’y a pas mort d’homme. De plus, je crois l’avoir dit, je trouve un peu facile de vous tomber sur le dos parce que vous vous êtes faits avoir : après tout, vous avez fait en public ce que des centaines d’autres ont fait quand ils ont lancé sur Emule des requettes concernant les films et disques chroniqués, (et je suis persuadé que ce sont ces « pirates » là qui ont le plus tôt flairé que quelque chose clochait avec ce numéro qui semblait parler de la vie culturelle sur une autre planète).

    Et puis Kant, il n’y a pas d’heure pour le lire !

    Et si la période est pénible (enfin, à lire à droite à gauche, je n’ai pas l’impression que ce soit le lynchage généralisé non plus, il me semble qu’on retient moins la confiance que vous avez placée dans chronicart que l’exploit que constitue, en soi, ce numéro), alors je vous souhaite bon courage.

  3. Toute personne douée de raison (dont le jkrsb) est un lecteur attentif, régulier et militant du « Plan B ». Tout lecteur du « Plan B » sait que les médias mentent. On ne saurait donc reprocher à « Chronicart » d’avoir poussé la logique du Parti de la Presse et de l’Argent jusqu’au bout et d’avoir assumé intégralement le mensonge consusbstantiel à la nature de ses « collègues » !

    Quant à David Abiker, dont je soupçonne qu’il n’est pas le lecteur que je décrivais ci-dessus, qu’il soit condamné à continuer à travailler dans la radio dans laquelle il sévit actuellement ! Ils se méritent !

    Si par hasard un lecteur du blogue de notre ami jkrsb ne s’était pas encore converti au sardonisme, je l’invite à s’initier utilement en allant voir le site Acrimed, la vitrine universitaire du « Plan B », en attendant de rejoindre les 18000 lecteurs réguliers !

  4. Héhé,

    j’essayais d’imaginer quel tour pourrait prendre cette aimable conversation si un Michel s’y joignait, et j’avais assez imaginé cela, mais je confesse que j’avais un peu oublié le plan B, auquel il faut que je me reconvertisse fissa. Ca sera une sorte de confirmation.

    Et du coup, je me demande : ai-je manqué de sardonisme sur ce coup là ? Hmmmmmm… possible oui, possible…

  5. Kant étant chronologiquement le premier philosophe sardon de l’ère des révolutions (pour reprendre la terminologie d’Eric Hobsbawm) et des périodes (pré)-industrielles qui ont suivi, l’oubli du jkrsb me paraît encore plus étonnant. Et croyez bien qu’il m’a fallu une bonne dose de sardonisme pour supporter les 15 heures de train entre Berlin et Kaliningrad pour voir le tombeau du maître ce printemps (auxquelles il a fallu bien sûr ajouter 15 heures pour revenir). Pour être tout-à-fait franc, quelle que soit la beauté de la presqu’île de Courlande, seul mon kantisme sardonique est encore capable de m’inciter à de pareils transferts !

Submit a comment

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *