Midlife Crisis (ça devient difficile de trouver des titres sur la crise qui n’aient pas déjà été utilisés, celui là vaut ce qu’il vaut, mais il a l’avantage d’être un hommage à ce groupe dont le nom est finalement, un beau sous titre pour « ce qui se passe » : Faith No More »)

In "CE QUI SE PASSE"
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Bien, pendant que ça sifflote dans les stades et que tout le monde (moi y compris sans doute) tient des propos outranciers sur la question, le monde continue son petit bonhomme de chemin sur sa pente apparemment bien savonnée, et comme toujours sur ces planches là, il est plus facile de descendre que de remonter.

Puisque nos gouvernant ont l’air occupés par tout autre chose, et même si on peut commencer à se méfier un peu des experts, il y a des documents qui peuvent valoir le coup d’être consultés, et celui vers lequel je vous envoie là se présente comme une sorte de programme des choses à venir, une bande annonce des prochaines « réjouissances ».

Ma source ? Ce lieu parfois pénible, parfois enthousiasmant, souvent à l’origine de quelques connaissances : la salle des profs. Ca vaut toujours le coup d’avoir les oreilles qui trainent du côté des discussions qu’ont les profs de sciences éco. Aujourd’hui, mes trainantes oreilles m’ont mené là :

http://www.leap2020.eu/GEAB-N-28-est-disponible!-Alerte-Crise-Systemique-Globale-Ete-2009-Cessation-de-paiement-du-gouvernement-americain_a2240.html

et il est possible que même les plus cyniques d’entre nous se disent que ça commence à ne plus être drôle.

21 Comments

  1. A mon tour de donner dans la logique (faussement) conspirationniste. Il est de plus en plus évident que cette-crise-systémique-à-laquelle-on-ne-peut-rien-mais-quand-même-grâce-à-Sarkozy-on-a-une-chance-de-s’en-sortir va servir de prétexte et surtout d’opportunité à des restructurations (industrielles et dans les services) qui vont mettre sur le carreau de nombreux travailleurs (et travailleuses bien sûr). Indépendamment des budgets des états méchamment plombés pour des années et des années qui justifieront de nouvelles coupes sombres dans les budgets notamment sociaux, le retour au XIXème siècle risque de s’en voir encore accéléré.

  2. Paraît-il qu’il y a déjà, ou qu’il est à prévoir pour très bientôt (information récupérée lors d’une conversation avec un professeur d’éco, d’où vient que je ne suis plus très sûr de la « date »), 20 millions de chômeurs en plus à travers le monde. Cela n’étant qu’un début, et un phénomène parmi tant d’autres de la « crise ».

    L’ennui c’est que plus il y a de chômage, plus il y a de difficultés économiques au niveau des acteurs (je pense surtout aux ménages), plus la récession est destinée à s’auto-entetenir: pourquoi les Etats, à l’instar de l’aide qu’ils ont pu apporter à la sphère financière, n’aideraient ils pas, avec une politique budgétaire adéquate, ces acteurs (sachant qu’en faisant cela, ce serait aider tout le monde, économie réelle et marchés financiers etc.) ?

    J’ai plutôt l’impression que se prépare, davantage, un retour à Keynes, qu’une immersion toujours plus profonde dans les eaux (si incertaines) de l’ultra-libéralisme.
    Non ?

  3. Si Keynes c’est abonder le crédit aux entreprises sur fonds publics tout en leur laissant toute liberté pour adopter la politique la plus libérale possible tout en multipliant les suppressions de poste dans la fonction publique et en maintenant les mesures favorisant l’épargne des riches (bouclier fiscal), sans envisager un seul instant des mesures de soutien à la consommation, eh bien il faut que je révise les notions (même très basiques) d’économie que j’ai.

  4. Sauf que je n’ai pas dit un seul instant, Michel, que Keynes était tout ça. Il est même (plus que) sous-entendu qu’il en est l’antithèse.

  5. (Et, bien sûr, qu’un retour à sa pensée serait, je crois, profitable (mais mes connaissances en économie sont elles aussi très basiques)).

  6. A la réflexion, nous ne sommes pas vraiment conspirationnistes. Il n’y a pas (ou alors, il y a peu) de gens qui se réunissent dans notre dos pour décider de la manière dont ils vont nous éliminer. Par contre, il y a de l’opportunisme dans le fait d’attendre des catastrophes (quelle que soit leur nature) pour faire ce qui, en temps normal, aurait du mal à être accepté par l’opinion publique. Or on sait depuis assez longtemps maintenant qu’il n’y a pas de structure humaine (technique avant tout, mais aussi économique) qui ne porte en elle son risque de catastrophe. Le capitalisme ne désobéit pas à cette règle. Dès lors, il n’est pas utile d’organiser le krach, il suffit d’attendre patiemment qu’il ait lieu, en installant simplement les conditions de sa « réussite ». Après, il suffit de réorganiser comme on le voulait jusque là sans pouvoir se le permettre.
    Pour être édifié sur ce point, il n’est pas tout à fait inutile de se taper le gros pavé de naomi Klein « La stratégie du choc – La montée d’un capitalisme du désastre », qui décrit, il me semble, assez bien la manière dont il suffit désormais d’attendre « l’occasion » pour mettre en place les « réformes » désirées.
    Et ou je me trompe, ou il s’agit bien, en ce moment, de se servir de l’argent public pour sauver des intérêts qui sont privés, sans contrepartie en matière de redistribution des richesses (à ma connaissance, il est toujours possible d’embaucher pour des revenus qui demeurent en deça de ce qui est nécessaire pour vivre, et les prochaines mesures contre un chômage massif ne feront que renforcer encore cela; d’ailleurs, pour les entreprises, le chômage de masse est toujours une aubaine). En fait, il n’est même pas nécessaire de comploter, il suffit d’être malin et de voir venir les choses.
    Quant au retour de keynes, il suffit qu’on ait l’impression qu’il soit réel, n’est ce pas ? Il me semble bien qu’en ce moment, à chaque fois que j’entends citer son nom, c’est en référence au retour de l’Etat dans les « affaires ». Mais on oublie simplement de se demander quels intérêt celui ci sert désormais aux yeux de tous. En même temps, étant donné le faible niveau de protestation, il aurait bien tort de se priver.

  7. On replonge cependant, me semble-t-il, peut être pas dans l’idée de « conspiration », mais dans celle de conjuration/congrégation des « grands » de ce monde, dans le but de maintenir, et pourquoi pas d’étendre, leur influence (même si ce n’est pas concerté), lorsqu’on prétend que l’État sert en vérité dorénavant des intérêts qui sont en fait contraires, même néfastes, à ceux de la majorité, qu’il est pourtant, bien-sûr, censé servir, défendre et représenter, puisqu’il en est l’expression. Concrètement, personnellement, je ne désapprouve pas cette idée.

    Bon, je n’ai pas dit qu’il y avait (et je ne pense pas qu’il y ait) lieu de voir, dans l’actualité, un retour de Keynes (le prétendre signifierait oublier que Keynes a pensé l’État comme acteur économique à part entière, et non pas comme un acteur adventice qui viendrait sous les feux de la rampe uniquement pour aider les autres à se relever, bref quand tout va mal, puis qui se retirerait pour que ces autres, remis sur pieds, puissent à nouveau reprendre leur jeu).

    Honnêtement, j’avoue que c’est un problème qui me dépasse largement, mais que j’essaie pourtant de saisir de mes petites mains, mon raisonnement simple était le suivant: pourquoi Michel pense-t-il que le XIXème siècle est pour bientôt, alors qu’il n’est pas économiquement rentable d’avoir une économie composée de consommateurs sans-le-sous ? Pourquoi l’État qui aide des banques sans-le-sous à ne pas sombrer n’aiderait il pas aussi les particuliers à ne pas perdre leurs sous, vu que c’est aussi de leurs sous que dépendent ces banques, ces entreprises, ces bourses etc. ?
    Et puis, aussi, n’en a t on pas assez du libéralisme, me disais je, des incertitudes et des dégâts qu’il sécrète ? et puis du fait que nous payons toujours les pots cassés ?

    Le retour de Keynes, il m’a suffit d’espérer qu’il se réalise (je parlais de « préparation »), et je me dis que ça n’est pas impossible, que des choses ont été et sont tentées en ce sens, puisque la perspective ultra-libérale n’est pas seule à exister, et que c’est peut être précisément le krash qui va offrir les conditions de réussite à ce retour.

    Mais ce n’est peut être que vain espoir et rêverie éveillée.

  8. Pourquoi le XIXème siècle est-il l’âge d’or (et le début) du capitalisme moderne ? Parce que c’est la période d’accumulation maximale. Aujourd’hui le capitalisme se rêve mondial (il ne l’est pas encore tout-à-fait) : la marché potentiel est énorme. Et peu de profit unitaire sur une surface « globale », c’est beaucoup plus rentable qu’un profit unitaire plus grand sur une surface plus restreinte (l’OCDE pour faire très simple).

    Cependant un tel changement de paradigme ne peut s’accompagner que d’une remise en cause totale des droits économiques et sociaux que les travailleurs ont acquis tout au long du XXème siècle. C’est ce qui est en cours actuellement à travers en France le régime bonapartiste de Sarkozy : précarisation du travail, atteintes aux libertés individuelles, le tout accompagné d’une campagne idéologique visant à persuader que le libéralisme économique est la seule solution. Ce procédé n’est évidemment pas linéaire et la faillite actuelle de l’argent fou contrevient évidemment à cette linéarité. Il n’empêche qu’elle est mise à profit par le capital pour accélérer le dégraissage : quand il a le choix, comme actullement, entre réduire ses profits et la part concédée aux travailleurs, on voit bien, à travers les fermetures d’usines « non rentables » ou les mises au chômage technique que tout est fait pour maintenir le niveau des profits.

  9. Ce qui est inquiétant, également, c’est que le capitalisme libéral global pourrait, pour continuer de faire fortune et en engranger toujours plus, n’avoir besoin par exemple que de la moitié de la population mondiale. Que deviendrait l’autre moitié ?

  10. La seconde moitié ne sert que d’épouvantail à la première : « voila ce que vous pourriez devenir » lui dit elle.
    Accessoirement, elle sera aussi d’ennemi officiel. Tant que la classe moyenne croit que ce sont les pauvres, le chomeurs et les rmistes qui sont leurs premiers ennemis, elle ne participe à la division du peuple et ne se retourne pas contre ceux qui sont la véritable cause de son mal être. Il faut dire que l’illusion d’optique est totale : les pauvres sont notoirement plus nombreux que les riches, et sont nettement plus effrayants (c’est pas très beau, un pauvre, ça a souvent un lool de véritable « freak » !). Là dessus, lire la fin du livre « pourquoi vous êtes pauvres ? », particulièrement le chapitre « je suis riche », qui decrit bien comment la propriété privée est en même temps une aspiration mais aussi une source de d’inquiétude, simplement parce que tout ce que j’ai de plus qu’un pauvre, un pauvre pourrait me l’envier et me le prendre.

    Morale de l’histoire : il va falloir faire la paix avec les pauvres. Autant dire qu’on n’est pas sortis de l’auberge…

  11. D’autant plus qu’on sort facilement une morale de derrière le boisseau garantissant que les pauvres sont pauvres parce qu’ils ont échoués là où la plupart des gens réussissent, ils l’ont donc, quelque part, bien voulu, leur situation, puisqu’ils n’ont pas fait preuve de suffisamment de bonne volonté pour s’en tirer. Pourquoi les plaindre, puisqu’ils sont seuls responsables de leurs fautes ?

    C’est un discours que je viens d’entendre il y a pas plus de dix minutes…

  12. Et tu n’es pas encore en prison pour homicide ? Soit tu as couru très vite après ton crime, soit tu me déçois beaucoup…

  13. 😀 A vrai dire, j’aurais commis un abominable meurtre, puisqu’il se serait s’agit en l’occurence d’un parricide…

  14. Mais,

    je croyais que depuis l’avènement de Freud et l’entrée dans cette nouvelle ère qui justifierait presque à elle seule qu’on remettre le calendrier à zéro, il y avait au moins un commandement sur lequel tout le monde pouvait se mettre d’accord :

    Il faut tuer le père.

    Non ? 🙂

    (serons nous considérés comme complices du crime, pour avoir écrit de telles choses ?…)

  15. A la place du papa intellectuel, je n’en mènerais finalement pas si large que ça… Des fois que Lulu en revienne à une pratique freudiennement saine…

  16. De toute manière, tuer tous les pères qui ont fait de nous ce que nous sommes, reviendrait à se tuer soi-même non ?

    Quelle identité peut être la nôtre si on en renie les fondements ?

    On m’objectera sûrement que tuer nos pères ne revient pas forcément à en récuser la paternité, mais à aller au-delà 🙂

    (et puis franchement, même physiquement, je ne suis pas de taille à avoir raison de youri :-D)

  17. « Papa intellectuel » 😀

    Hoho 🙂

    Sur ce point, il y a une phrase de Nietzsche, placée en entrée du Gai Savoir, qui me plait assez :
    « J’habite ma propre maison, je n’ai jamais imité personne, et je me ris de tout maître qui n’a pas su rire de lui même ».

    En somme, intellectuellement, il ne peut pas y avoir de maître. Peut on appeler ça des pères ? Je n’en suis pas si sûr. Il s’agit juste d’accueillir dans ce monde, et d’en confier les clés, rien de plus. Si on doit utiliser ce terme, il s’agit moins de se faire tuer par les successeurs que de devenir, ensemble, pères de ce monde. Mais vraiment, j’ai jamais pensé ça comme une paternité !

    Et pour le moment, je refuse tout à fait qu’on me tue 😀

    NB : je ne suis pas sûr que l’identité se fonde sur la généalogie passée. Peut être sommes nous comme le kairos qui court les cheveux en avant, aspirés plus que projetés. Peut être faudra t il même un d’ces jours renoncer à ce concept d’identité qui ne nous convient pas tellement. Mais c’est une autre question.

  18. Ça m’a fait penser à ce passage assez génial (je trouve) de La vie sexuelle d’Emmanuel Kant, où Botul dit:

    « Si la plupart des philosophes furent célibataires, c’est pour témoigner que le but ultime de l’Humanité n’est pas de se reproduire. Nous ne sommes pas des chiens, nous ne sommes pas des paramécies, nous ne sommes pas des lapins. La philosophie est l’affirmation qu’il existe une façon non sexuelle de se perpétuer. Les héritages philosophiques se passent de gènes.

    Il me faut maintenant expliquer par quels moyens extraordinaires les philosophes se reproduisent. Voici: ils ne pénètrent pas, ils se retirent. Ce retrait porte un nom: la mélancolie. »

    Bon, je ne prétend pas être un philosophe engendré par d’autres philosophes, je prétend juste qu’il est des sources de pensée dont on ne saurait se couper sans se tarir soi-même, sans s’empêcher d’aller, pour cette raison, de l’avant.

    Mais bon, pour une lapalissade… 🙂

  19. Le coup du format du jkrsb qui en fait une proie pas évidente, j’y avais pensé, mais je m’étais retenu. Ce n’est de toute évidence pas le cas de tout le monde : cet âge est sans pitié…

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