« L’ombre du zèbre n’a pas de rayures » (visite guidée d’une boite échangiste)

In HYBRID, PLATINES, POP MUSIC, PROTEIFORM
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Au moment où je réfléchissais à la conception de ce blog, alors que je me disais que tout ça tournerait autour de la question des hybrides, des mélanges, des fécondations impossibles, des croisements cauchemardesques et inespérés, un de mes providers en musiques variées et délectueuses , le bien nommé Damiens d’Amiens, a balancé sur son blog un petit assortiment de ce dont on ne sait trop si on doit les appeler mashups, bastard mixes ou hybrid music (elle est de moi cette dernière appellation, et je ne suis pas sûr que ce soit la plus élégante !). Ces deux titres eus-èmêmes constitués de sous titres m’ont permis de finaliser l’idée de mon propre blog, en le concentrant le plus possible sur les croisements fertiles de trajectoires a priori autonomes. Je me disais qu’un jour ou l’autre j’allais proposer ma propre salve de mélanges sonores. Le jour est venu, mais entre temps, en bon parisien amateur de musique qui branche de temps en temps son tuner sur l’incontournable OuiFM, je suis tombé sur ce que j’ai du mal à ne pas considérer comme une sorte de maître en la matière. La station a en effet depuis eu l’idée d’inviter de manière quasi permanente DJ Zebra pour qu’il vienne y proposer ce qu’on appellera logiquement des Zebramixes, amplement constitués de musiques hybridées. Ce drôle de zèbre n’a manifestement pas les oreilles dans sa poche, et il parvient à associer ce qui a priori n’est pas associable (radiohead et diams, juste pour donner une idée), et à chaque fois, ça fonctionne. C’est ludique, totalement déstabilisante, ça joue avec nos reflexes conditionnés par l’habitude que nous avons d’entendre les lignes mélodiques associées à des accompagnements ici absents, et remplacés par de nouveaux paysages. Et souvent, la magie opère pour de bon (quand le Ding Ding Dong des Rita Mitsouko se trouve associé aux ambiances sombres de l’Unfinished Sympathy de Massive Attack par exemple).

DJ ZebraJouissance supplémentaire, le zèbre est un animal autochtone, qui connait sa musique française sur le bout de ses dix doigts tricolores et néanmoins baladeurs. On retrouve nos héros nationaux (des Noirs Désirs, des Joey Starr, des Billy the Kick, des Serge Gainsbourg rassemblés pour cette énorm partouze sonore, DJ Zebra fait les présentations, sert d’entremetteur, rapproche Katerine de Boney M, fait coucher dans le même lit Olivia Ruiz avec Smokey Robinson et Gladys Knight, fait procréer les White Stripes et ACDC au grand complet) tout emmêlés les uns aux autres, copulant joyeusement avec leurs cousins du monde entier. On trouve même au fond de la boite échangiste un couple d’aveugles, qui font sans doute mieux de ne pas voir les accrobaties qui ont lieu tout autour d’eux. Ils n’en perçoivent sans doute que les petits gémissements de Diams venant de faire connaissance rapprochée avec Bono et sa bande. Ca jouit de partout , à tous les étages de la boite cranienne de l’auditeur.

Quatre extraits ici. C’est déjà des pépites, mais ce n’est vraiment qu’un échantillon. On n’a aucune idée de la quantité des accouplements déjà effectués, la source semble inépuisable. Le zouave a l’air d’avoir un cerveau riche en connexions neurologiques. Nul ne sait ce que cet esprit déviant va bien pouvoir créer comme mixture magique.

Si j’ajoute que DJ Zebra fut aussi en son temps membre des Billy the Kick, vous devez sentir un peu le vent de folie douce qui peut planer sur ses productions, et l’esprit gentillement festif qui peut l’animer. Normalement, là, si j’ai bien fait mon boulot, vous ne devez même pas avoir lu la fin de l’article, vous devez avoir cherché sur Google comment vous pouvez écouter cette émission depuis vos contrées lointaines. Alors oui, oui, ce trésor est en libre service, cette corne d’abondance est podcastable ici. Jean d’Ormesson, qui lit ce que j’écris par dessus mon épaule, me mentionne qu’on ne dit pas « podcaster », mais « baladodiffuser »… Hmmmm… Finalement, il a raison Jeannot : c’est bien de balade dans notre propre mémoire sonore qu’il s’agit. René Char avait écrit cette phrase géniale : L’ombre du zèbre n’a pas de rayures. Maintenant, on sait que cet animal hybride n’est rien de plus qu’un mélange d’échos. Bonne nouvelle pour nos oreilles.

2 Comments

  1. Eh mais c’est de moi qu’on parle dans la boîte ! Une petite pensée aux belges de 2 Many DJ’s / Soulwax qui ont été pionniers dans la discipline 🙂

  2. voilà bientôt deux heures que j’écoute quelques uns de ces fameux zebramix: quel voyage ! on ne s’en lasse pas… merci d’avoir donné les coordonnées du billet 🙂

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