JUSTICE – La loi, c’est eux

In MECA, PLATINES, POP MUSIC, PROTEIFORM, SOUNDSCAPES
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Et voila, ça commence mal.

On aimerait éviter les évidences, ne pas trop trop tomber dans les lieux communs, s’interdire de parler de « ce groupe dont il faut absolument avoir parlé », mais il arrive qu’on ouvre le lecteur media, qu’on lance un album inconu, d’un groupe dont on n’a que vaguement entendu parler, et que le ciel, accompagné des créatures censées le peupler, vous tombe dessus via les enceintes. J’ai pas encore testé l’expérience, mais pour ce dont il s’agit là, on peut craindre que la tentative l’écoute au casque soit neurologiquement fatale.

Ainsi donc, en cette année ou les français qui votent massivement ont tout aussi massivement refusé l’ordre juste qu’il leur était proposé, Justice vient nous réconforter et nous mettre en tête que la France, ça peut être CA aussi. On le savait plus ou moins, Daft Punk nous avait donné deux trois raisons d’être fiers, et il n’est pas étonnant de voir Justice suivre l’ombre de Pedro Winter, manager en chef du duo imperturbablement casqué.

A l’écoute, ne touchez à rien : les premières mesures de Genesis vont vous faire penser que quelque chose cloche avec le réglage du surround, voire que le pere noel est passé en douce en plein mois de juin (de toutes façons, y a plus d’saisons) pour doter votre nid douillet d’une sono apte à transmettre des basses insoupçonnables. Ca vibre, ça rebondit sur les murs, ça laisse LFO loin derrière parce que ça réussit à faire décoller des morceaux tout légers avec des boosters de basses lourds comme un A380. Evidemment, on pense vite fait à pas mal de monde, et plutôt des pointures : Aphex Twin, LFO, Daft Punk, prodigy, Celestial Choir, tous les createurs de musiques pour Amiga dans les années 80, Jacques Lu Cont pour les plus connus, mais tout est comme si on avait changé de siècle; et c’est d’ailleurs le cas. Les références vont d’ailleurs beaucoup plus loin que le simple index de « Modulations » : il y a quelque chose qui vient du jazz dans la manière de rompre les rythmes, de produire des syncopes à droite à gauche comme un boxeur casse le rythme des coups pour provoquer les changements qui vont tisser un autre rythme. Il y a quelque chose de cinématique aussi dans cette musique, qu’on croirait écrite pour servir de bande son aux Transformers (du moins, tels qu’on pourrait les rêver). Ce n’est d’ailleurs pas tout à fait un hasard si Peugeot a déjà utilisé un des titres de l’album pour illustrer sa pub pour la 407, qui se passe justement dans un univers de jeux vidéo, dans lesquels des robots dignes des mecas japonais promènent leur progéniture dans leur poussette au son de « Waters of Nazareth ».

La pochette, le groupe, les fans (déjà), ont récupéré un symbole phare depuis « quelques temps » : la croix (cf la pochette de l’album). Nul doute que s’il s’agit là d’une proposition spirituelle, elle devrait faire pas mal de convertis.

En écoute : sans doute, en dehors des imparables singles de David Guetta et Bob Sinclar, LE single de l’été, assez conformément intitulé D.AN.C.E., qui est ne constitue cependant qu’un aspect de l’album, qui verse ensuite dans une ambiance plus sombre. Je l’ai fait précéder d’un autre titre « Stand on the word« , de la chorale « Celestial Choir », mixée par un des papes de la disco, Larry Levan. Même ambiance sautillante, même voix de gamins (qui n’hésitent pas à chanter carrément faux chez Larry Levan, mais quoi de plus sympa qu’une bande de mioches qui s’égosillent en choeur, quand la rythmique leur donnent cette espèce de groove génial ? (un conseil, mettez ça dans le lecteur qui accompagne vos déplacements vers le boulot, le matin, et vous allez voir que votre journée va prendre une toute autre allure !)). Juste un dernier mot : ce titre se trouve dans la double compil que les Pet Shop Boys ont proposée dans la géniale collection « Back to Mine« , deux cd (un pour chaque membre du duo) dans lesquels se trouvent pas mal de surprises, dont cette chorale un peu bordélique (chez Chris Lowe) ou Etienne Daho in person (chez Neil Tennant).

Allez, vous voulez voir à quoi ça ressemble, une chronique un peu construite ? Mettez la galette de Chris Lowe sur la platine, écoutez la petite tuerie qui porte le numero 6 ( Never Be Alone ), demandez vous si ces basses sautillantes, juste saturées comme il faut, ne vous disent pas quelque chose. Jetez un coup d’oeil à la pochette, qui a bien pu faire ça ?

Justice et Simian (et ça, on y reviendra).

Voila, la boucle est bouclée et tout ceci pourrait aisément démontrer que nous vivons bel et bien dans un monde bien organisé, où toutes les choses sont bien à leur place, comme si un dieu de la musique avait décidé de nous faire un classement définitif, pour qu’on s’y retrouve, un peu.

Sur ce, je vous souhaite de bonnes petites trépignation du fondement à l’écoute de tout ça !

Justice - +

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