Escapism 1

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Si il y a bien quelqu’un qui ne lis pas ce blog, c’est moi. Par contre, au moment de corriger des mises en page, il m’arrive de regarder la liste des titres, et de me dire que l’ambiance semble bien sinistre en ce siècle. Et par bien des aspects, elle l’est.

beautiful_backCa rend d’autant plus nécessaire de s’élever un peu de ce temps, et il y a peu de choses qui y parviennent aussi bien que la musique. Si par le passé la philosophie a pu servir de pharmakon, la situation est maintenant telle que le moindre moment de lucidité provoque plus de douleur que de soulagement. La réflexion devient peu à peu une activité réservée à ceux qui n’ont pas peur de la dépression, ou à ceux qui s’en foutent (risque non négligeable quand on regarde le premier rayon « philo » venu dans les librairies non spécialisées) ou bien à ceux qui ne craignent pas d’absorber des doses massives de tranquilisants. Peut-être est elle aussi accessible à ceux qui parviennent à s’évader ponctuellement par des moyens plus naturels. Difficile de faire de la philosophie sans être un peu amateur des espaces abstraits que constitue la musique.

Et peut être la musique peut-elle encore nous guérir (on pourrait invoquer ici Nietzsche, mais je veux faire un article court, alors ce sera pour une autre fois !) et prendre en charge ce dont le travail rationnel des consciences avait auparavant la charge.

Il faudrait faire playlist pharmaceutique, afin de procurer aux conscience ce moment de dépassement auquel elles aspirent. On va s’y mettre sans plus attendre.

It’s a beautiful day est un groupe assez méconnu, et c’est très bien ainsi : ces groupes permettent d’explorer le passé en étant certain d’y trouver de ces moments de grâce qui sont aussi puissants que l’apparition d’un nouveau musicien génial à notre propre époque. Officiellement, il s’agit de rock psychédélique, certains vont même jusqu’à caser la formation dans la sub-catégorie « acid-rock » (c’est un peu anecdotique, et en même temps, il est bon de se rappeler que le terme aciiiiiiiiiiiIIIIIIIIIIId ! n’est pas né avec les séquenceurs numériques…). Bon, on s’en fout un peu des catégories, là. On est dans une perspective plus large; les voix respirent à plein poumon l’air des grandes étendues, mais elles y sont habituées, ce qui leur donne cette sérénité qui est trop rare dans la chanson populaire. Deux titres pour trouver un hâvre de paix dans ce bas monde, Girl with no eyes, et white bird. Ce sont peut être les titres les plus accessibles de leur album éponyme, mais ils constituent une belle introduction à leur oeuvre (à consommer avec modération, car le groupe réalisa finalement peu d’albums).

Vous pouvez écouter, mais je vous aurai prévenu : tous les problèmes ambiants vont disparaître pendant le temps de l’écoute. On sait que cette musique de la fin des années soixante est réputée réclamer des drogues pour pouvoir être écoutée. C’est faux. Cette musique, c’est la drogue, et nos débauches techniques actuelles ont du mal à être à la hauteur de ces évasions, sans doute principalement parce qu’elles sont conçues pour produire un effet de transe, alors que ces musiques des sixties sont juste de la musique, un moment sans intention, sans prise de pouvoir sur l’auditeur. Un son qui tourne.

Bon trip !

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