La crevaison pour le monde qui va

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Démocratie

« Le drapeau va au paysage immonde, et notre patois étouffe le tambour. 

« Aux centres nous alimenterons la plus cynique prostitution. Nous massacrerons les révoltes logiques.

« Aux pays poivrés et détrempés ! – au service des plus monstrueuses exploitations industrielles ou militaires.

« Au revoir ici, n’importe où. Conscrits du bon vouloir, nous aurons la philosophie féroce  ; ignorants pour la science, roués pour le confort ; la crevaison pour le monde qui va. C’est la vraie marche. En avant, route ! »

Rimbaud – (Illuminations, 1873-1875)

Quelques mots pour un monde en crevaison lente, puisque nous voici, forcés par le marché, en marche forcée. Evidemment, nous savons que nous pouvons désormais lire « Au centre nous alimenterons la plus cynique prostitution. »

Ce qu’on trouve aujourd’hui excessif semblera demain aller de soi. 

4 Comments

  1. La référence à Rimbaud me fait penser que nous étions encore en Hollandie quand est sorti « Quatre saisons à l’hôtel de l’Univers » de Philippe Videlier. Et ils étaient tous là : Rimbaud, Nizan, Soupault… pour nous montrer le colonialisme, l’impérialisme, une voie vers le socialisme, etc.
    Huit mois se sont passés et les marcheurs et les marcheuses du mouvement de Macron montrent tous les jours par leur comportement qu’il est bien dommage que grammaticalement le masculin l’emporte sur le féminin tant c’est la déclinaison féminine qui décrit le mieux leur « mouvement ». Aucun espoir, aucun débat, aucune réflexion, juste un pur déterminisme selon lequel les lois du marché sont indépassables, qu’il n’y a pas d’alternative, qu’il faut accentuer les politiques criminelles mises en place pour toujours plus de précarité, toujours plus d’inégalités, toujours plus de dégradation de notre environnement. Bref, on applique des recettes et on s’interdit de réfléchir. Le pire, c’est qu’on sent que l’envie de l’interdiction aux autres viendrait volontiers si on en avait les moyens : pas de quartier pour ces gens qui ne sont rien et qui prétendent qu’on les respecte.
    Quant à Rimbaud, Nizan, Soupault, on n’imagine même pas que les marcheuses sachent qui ils sont.
    A Berlin, aujourd’hui dans un journal local on citait la phrase de Jean-Luc Mélenchon : « Macron est au bord du trou, il n’y a plus qu’à pousser ».
    Poussons !

    • Bon sang, tout le monde est encore là !

      Je crois bien que cette façon de faire fi du temps est un des signes de reconnaissance de l’amitié.

      Ca va peut être valoir le coup d’écrire de nouveau, un peu, dans ces colonnes alors. D’autant que les tons sombres ne font que commencer, et que je pense pas qu’il suffise de pousser Macron du coude pour le faire tomber. Au pire, lui tomberait, mais ce qui l’a mis là ne tombera pas si facilement, d’autant que c’est, aussi, ancré en nous.

      Et je me note, dans un coin, Videlier, que je n’ai jamais lu, et que j’entends frapper à la porte de ma bibliothèque !

      Et, ça va sans dire, mais parfois on peut dire ce qui s’en va de soi : rudement content de te lire de nouveau.

  2. En fait il s’agit de la conséquence d’une équation un peu particulière mais très simple. On ne quitte pas le premier degré. Elles ‘écrit sous la forme :
    Vacances + Baltique + Temps de cochon + Sciatique réticente à tous les traitement = Lecture en 9 jours des deux tomes de Jack London parus dans la Pléiade (y compris les notices et les notes)
    De là découle logiquement une pensée pour le plus nietzschéen de mes compagnons de route.

    • C’est étonnant, comme l’évocation de Nietzsche est toujours plus juste quand elle est assortie d’une souffrance physique véritable. Il y a chez lui un inéluctable retour au corps.
      Et, évidemment, même si c’est un moins plus tard et que j’espère que la sciatique a pris fin, je compatis !
      Je ne peux m’empêcher de me demander : d’où vient ce mal, une clé de bras mal négociée ? Un placage un peu rude ? 🙂

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